Résidence sur l’agglomération d’Hénin-Carvin par la journaliste Bettina Lioret

Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis journaliste pour l’émission “Affaires Sensibles”, diffusée sur France Inter et parallèlement formatrice en Éducation aux Médias et à l’Information.
Après avoir mené quelques ateliers chez Radio Campus Paris, en 2018, j’ai rejoint l’association Fake Off, ce qui m’a permis de rencontrer des personnes très investies dans ce domaine et de mener de nombreuses actions auprès de publics variés et dans différentes régions.
En 2023, j’ai postulé pour participer à une résidence de journalisme dans le cadre du CLÉA (Contrat Local d’Éducation Artistique) sur l’agglomération d’Hénin-Carvin. J’avais déjà mené des résidences mais j’avais envie de développer des projets différents de ceux réalisés auparavant, de toucher de nouveaux publics et de découvrir l’histoire du bassin minier.

Décrivez votre projet de résidence
Ma résidence comporte 3 volets : la sensibilisation, la production et la formation.
Je suis intervenue auprès d’enfants et d’adolescent.e.s dans des établissements scolaires (primaires, collèges et lycées) mais aussi dans des associations de jeunesse, avec comme objectifs de leur faire découvrir le métier de journaliste, de leur faire comprendre le processus de fabrication de l’information, de les former à la vérification de l’information mais aussi d’aborder les questions liées à la désinformation et aux modèles économiques des réseaux sociaux.
Et si ces actions de sensibilisation constituent l’approche la plus classique, le socle de base des ateliers d’EMI, ce que j’ai préféré, ça a été d’accompagner des publics scolaires, des personnes âgées ou isolées, dans la réalisation de créations sonores.
Ces créations sonores ont d’ailleurs donné lieu à un podcast intitulé “Écrire et Dire”, disponible sur toutes les plateformes.
Parmi ces projets, il y a :
“J’ai osé” : Chaque court épisode est un poème écrit, puis récité par un enfant, un ado ou un adulte, à partir d’un verbe qui le ou la représente. Le titre fait référence au fait d’oser se dévoiler par écrit, dans un exercice d’introspection et en prenant la parole au micro.  
Le projet est basé sur une idée originale de Sophie Dugast, de la Scène Nationale du Grand R, en Vendée, et inspiré de l’œuvre littéraire de Sophie G. Lucas. Intitulée “Assommons les poètes” Certains des épisodes ont été réalisés par des personnes âgées de la résidence autonomie de Courrières et par des anciens sans-abri, de la structure LAM (Lits d’Accueil Médicalisés) de Courrières. D’autres ont été réalisés par des professionnel.le.s du centre culturel 9-9 bis, ou par les jeunes du Service d’Accueil de Jour (SAJ -Maison des enfants Asermines) de Oignies.
“Premiers pas au fond” : Une mini-série de fiction en 3 épisodes de 9 min, imaginée, écrite et incarnée par des élèves de CM1/CM2 de l’école Pantigny à Libercourt.
“Quand j’étais enfant” : Une conversation en 4 épisodes, entre des CM1-CM2 de l’école Jean-Jacques Rousseau d’Hénin Beaumont, et des personnes âgées du foyer Pasteur de la même ville. Dans une démarche intergénérationnelle, les enfants interrogent leurs aînés pour avoir un aperçu de ce à quoi ressemblait la vie autrefois. 
“Les anges gardiens de la fosse 9” : Un récit documentaire unitaire, bientôt disponible, réalisé et incarné par une classe de 1ère du lycée Darchicourt d’Hénin-Beaumont et inspiré de l’émission “Affaires Sensibles”. L’histoire retrace le parcours d’anciens mineurs, membres de l’association Acccusto Seci qui ont empêché la destruction du site minier, le 9-9 bis, et qui ont rendu possible son classement aux Monuments Historiques, puis à l’UNESCO.
Enfin, à travers un cycle de conférences, organisé dans des bibliothèques, et auprès de mairies, j’ai pu former des professionnel.le.s de l’éducation, de la culture et de l’action sociale, ainsi que le grand public, aux questions liées à l’information et à la désinformation numérique. La formation de ces professionnel.le.s constitue, à mes yeux, un enjeu majeur, d’autant plus dans le contexte de l’émergence de l’intelligence artificielle qui rend parfois encore plus difficile, la vérification de l’information.

Découvrir le Podcast
Votre bilan 
Pendant cette résidence, j’ai pu profiter d’une grande liberté dans la conception et l’évolution des projets, tout en profitant d’un accompagnement sur-mesure, d’une grande disponibilité et d’une réelle flexibilité de la part de la coordinatrice, Mathilde Beauchamp, tout au long de la résidence.
Je suis très contente d’avoir pu réaliser, avec le lycée Darchircourt, un épisode sur le modèle d’Affaires Sensibles », écrit et incarné par des élèves. C’était, vu les délais, (5 x 2 heures) un réel tour de force !
Heureusement, j’ai pu m’appuyer sur des partenaires très impliqués : Alice Zymny, Sandrine Beraud, Karine Barbier, Séverine Luczak, Romain Ducornet… qui ont donné beaucoup de leur temps et de leur énergie pour mener à bien ces projets d’EMI.
J’ai été particulièrement émue lors de l’enregistrement des textes écrits par les résident.e.s de la résidence LAM / autonomie de Courrières, qui se sont livrés à la première personne et de manière très personnelle, dans le cadre de l’atelier “J’ai osé”. J’ai pris le parti de valoriser la parole des habitant.e.s de ce territoire et ça a donné lieu à des rencontres humaines marquantes, touchantes et pour moi, inoubliables.
Par contre, rester sur le territoire sans rentrer chez moi n’a pas toujours été facile surtout en plein hiver. J’ai dû faire face à beaucoup de dépenses en transports, qui n’étaient pas toujours prises en charge.  Et puis j’étais en colocation même si j’aurais préféré avoir un logement toute seule, tout s’est plutôt bien passé.