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5 questions à …Serge Barbet, directeur délégué du CLEMI

5 avril 2022

Depuis son inscription dans la loi de refondation de l’école en 2013 , l’Éducation aux Médias et à l’Information a donné lieux à la naissance d’une multiplicité d’acteurs et d’actions. MédiaEducation a décidé d’aller à leur rencontre et de leur donner la parole. Aujourd’hui nous profitons de la 33ème Semaine de la Presse et des Médias dans l’École pour interviewer Serge Barbet, directeur délégué du CLEMI (centre pour l’éducation aux médias et à l’information).

1/ Qui êtes-vous ? 

 Ancien journaliste dans la région lyonnaise, j’ai ensuite travaillé les cabinets de différentes collectivités avant d’être conseiller auprès de l’ancienne ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, entre 2014 et 2017. Une période marquée notamment par l’attentat contre Charlie Hebdo. C’était aussi la guerre en Syrie et l’époque où l’Etat islamique déversait sa propagande sur les réseaux sociaux. C’est en mai 2017 que j’ai pris la direction du centre pour l’éducation aux médias et à l’information (CLEMI) qui a été créé en 1983 et dont j’avais pu mesurer l’importance pour accompagner les enseignants dans la formation citoyenne de nos jeunes. L’éducation aux médias et à l’information (EMI) est la meilleure des réponses aux défis posés par les désordres informationnels qui menacent l’équilibre même de nos démocraties. Face aux crises sécuritaires, sanitaires, géopolitiques, on se rend compte que l’EMI est aussi un levier majeur pour promouvoir les valeurs républicaines et la liberté d’expression.

“L’éducation aux médias et à l’information est la meilleure des réponses aux défis posés par les désordres informationnels qui menacent l’équilibre même de nos démocraties.”

 

2/ Qu’est-ce que le CLEMI ?

 C’est l’opérateur public de référence pour l’éducation aux médias et à l’information. Placé sous tutelle du ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports, il est rattaché au réseau Canopé au niveau national et dispose de coordonnateurs académiques dans les territoires qui sont placés sous l’autorité des recteurs. Le CLEMI copilote également au niveau national le nouveau réseau des référents académiques en EMI aux côtés de la Dgesco (direction générale de l’enseignement scolaire) qui a été institué par la circulaire du 24 janvier 2022. Cette évolution, qui s’accompagne d’un renforcement des moyens du CLEMI dans les académies, résulte des différents rapports émis ces dernières années qui appellent à renforcer l’EMI dans le système éducatif mais aussi pour tous les publics. C’est ce que préconisent, parmi d’autres, le rapport de la « commission Bronner » commandé par le président de la République ainsi que le rapport « Pour renforcer l’EMI et la citoyenneté numérique » que j’ai remis le 1er juillet 2021 au ministre de l’Education nationale, après l’assassinat de Samuel Paty, et que chacun peut consulter en ligne sur le site du ministère.

3/ Quelles actions menez-vous ?

Le CLEMI est organisé autour de trois missions : la formation des enseignants des 1er et 2nd degrés, la production, la diffusion et la valorisation de ressources pédagogiques et l’organisation d’actions éducatives dont la Semaine de la presse et des médias dans l’Ecole. Depuis 2017, le CLEMI a également investi le champ de la parentalité numérique en développant notamment un univers de ressources multimédias pour s’adresser à tous les publics. Il a également concentré une partie de son activité sur le dispositif des Cités éducatives qui vise à renforcer les moyens en direction de l’éducation prioritaire. De la même manière nous travaillons à l’échelle de l’Europe et de l’international au travers de multiples coopérations et à titre d’exemple, nous sommes actuellement engagés dans le projet De Facto aux côté du Medialab de Sciences Po, de l’AFP et de XWiki dans le domaine de la lutte contre la désinformation. Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’Observatoire européen des médias numériques (EDMO), soutenu par la Commission européenne, qui encourage ces alliances entre universitaires, journalistes et acteurs de l’EMI pour progresser dans la lutte contre la désinformation.

“Ce sont quelques 1800 partenaires qui s’impliquent aux côtés du CLEMI au service des enseignants et pour la réussite des élèves.”

 

4/ Focus sur la 33ème semaine de la presse et des médias dans l’école (SPME)

 Cette 33ème édition mobilise quelques 270 000 enseignants et 4.7 millions d’élèves, de l’école au lycée. 21 297 établissements scolaires participent à cette action phare, dont 8 550 écoles et la quasi-totalité des collèges et des lycées du pays. Plus d’un million d’exemplaires de journaux et de magazines sont diffusés à cette occasion grâce, notamment, au groupe La Poste qui nous accompagne depuis 1998, et aux acteurs de la presse et des médias dont l’engagement ne cesse de croître malgré un contexte difficile lié à l’envolée des prix des matières premières qui impacte de nombreux secteurs, dont la filière papier. En tout, ce sont quelques 1800 partenaires qui s’impliquent aux côtés du CLEMI au service des enseignants et pour la réussite des élèves. Les offres numériques et les activités pédagogiques en ligne

 La guerre en Ukraine marque cette 33e édition avec l’éclatement au grand jour de cette guerre hybride qui combine, aux actions militaires, une guerre de l’information à l’ère numérique. Quel autre thème, sinon que « S’informer pour comprendre le monde », pour répondre aux questions et aux angoisses de la société ? Pour distinguer information et propagande ? Pour saisir l’importance du métier de ces reporters capables d’aller au plus près du danger pour garantir notre droit à être informés ? Pour comprendre le prix de la liberté à laquelle nous sommes tant attachés et qui demande de savoir s’engager au-delà d’une simple présence sur les réseaux sociaux ? Les journalistes sont des vigies de nos démocraties. Les enseignants aussi qui sont en première ligne pour accomplir cette mission devenue de plus en plus complexe d’apprendre à s’informer, à se forger sa propre opinion, à renforcer son esprit critique.

5/ Vos préconisations pour adapter et développer l’EMI tout au long de la vie ?

Que le CLEMI étende son expertise aux familles nous a semblé indispensable pour répondre aux nouveaux enjeux que pose le numérique dans la relation entre l’école et les parents. Ces enjeux sont multiples et interrogent aussi bien les outils que les usages. Renforcer l’EMI et la citoyenneté numérique, nous le savons tous, doit concerner toutes les tranches d’âges dans une logique de continuum. Nous travaillons de plus en plus avec les acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche pour développer une offre en direction des étudiants, mais aussi avec les acteurs des familles et de la parentalité, grâce au travail qu’a notamment impulsé Virginie Sassoon, directrice adjointe du CLEMI. A l’occasion du renouvellement du conseil d’orientation et de perfectionnement du CLEMI, nous avons par exemple intégré le ministère des solidarités et de la santé, avec une représentante de la direction générale de la cohésion sociale qui travailler sur la parentalité numérique et l’information des familles. Il est indispensable que l’ensemble des acteurs de l’EMI, institutionnels, associatifs, représentant du secteur de la presse et des médias, s’engagent comme nous le faisons dans cette démarche, avec la même exigence de cohésion. L’impact de nos actions sera d’autant plus important si nous nous appliquons à travailler de manière transversale et complémentaire.

> Retrouvez l’ensemble des informations sur le CLEMI ici

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